Extrait
À la fin de l’été, plusieurs familles avaient quitté Norco. Lasses d’espérer sans espoir, épuisées, harassées, écrasées par le soleil et la guerre que nous leur faisions, les familles partaient, avec ou sans leur maison, leur tacot rempli à ras bord de marmaille, de boîtes, d’objets sans nom, et, avant de quitter la ville, elles faisaient un détour par notre maison, leur vieille auto hoquetant sous la charge, et dans un tintamarre de klaxon, de ferraille et de hurlements de colère, le père, la mère et les enfants, le visage furibond, le poing tendu, les yeux exorbités, nous injuriaient comme ils n’avaient jamais osé: «Restez en enfer, bande de sauvages! Crevez dans votre merde, espèces d’arriérés mentaux!» Nous avions gagné.
On en parle
Dans Les héritiers de la mine, un roman éminemment social et un roman de quête, Jocelyne Saucier a voulu dénoncer les agissements de financiers et d’industriels véreux qui n’hésitent pas à garder une population en otage pour mieux l’exploiter et l’aliéner.
—L’actualité du mythe
Une mystérieuse explosion est au cœur de l'intrigue de ce livre porté par un souffle. Celui des enfants Cardinal qui racontent à tour de rôle leur enfance anarchique dans ce grand foutoir fraternel. L'auteur les fait parler dans une sorte d'urgence qui va mener au dénouement, que l'on pressent tragique. Implacable.
—Le Figaro littéraire
Dans ce roman polyphonique, Jocelyne Saucier construit à nouveau de splendides scènes où les éléments et la nature occupent les premiers rôles. En visitant les entrailles de la terre, le lecteur rencontre d'envoûtantes descriptions minérales.
—Le Monde des livres