Parce que Rosaire, celui qui l’avait pris en charge après la mort de Blanca, a été emporté par la maladie d’Alzheimer, Pierre a été placé à l’orphelinat où on le bourre de pilules et où il se fait sucer à qui mieux, mieux. Même les veaux s’en donnent à cœur joie…
Quoi de plus naturel alors, que de se transformer en Jésus, un christ de vrai, et de faire de faux miracles en baisant à droite et à gauche? Lorsqu’on est abusé à répétition, n’est-il pas normal d’abuser les autres? En prime, on devient la star des stars. On est adulé. Le monde entier est à nos pieds…
Pierre, alias le Christ, devra marcher sur les traces de celui qu’il est censé réincarner. Mais les temps ont changé et c’est en direct, à l’émission d’Apéro, que Jesus Christ devra faire ses adieux. Et comme ça arrive souvent quand on veut faire live, les choses ne tournent pas comme elles le devraient mais the show must go on. On multiplie donc les pauses publicitaires. On espère surtout que le christ de Pierre ne ressuscitera pas après trois jours. Il y a des limites à tout, shit!
L’âge de Pierre, c’est le roman que rédige Pierre depuis l’orphelinat dont il sort un jour pour connaître un nouveau destin qui – peut-on en douter? – est pire que le premier! La vie rêvée, quoi!
L’âge de Pierre est le dernier roman de la trilogie composée de Lomer Odyssée (XYZ, 2008) et de Blanca en sainte (XYZ, 2009).
Extrait
Comme c’était beau de les voir, et leur église avait l’air de se bâtir toute seule, comme la renommée de leur sexe, secte s’entend. [...]
Mais Pierre n’en était plus là, il faisait les News, notre Christ, une vraie rock-star, on se l’arrachait, même Apéro, la star des stars, faisait tout pour l’avoir à son show, et l’argent pleuvait, son ciel en était plein, c’était exponentiel, comme ses fans, et son église qui était redevenue cathédrale, belle et riche comme toute une civilisation nouvelle, comme toute une religion aux allures d’État et qui, à quelques millénaires près, Le ramènerait ici-bas une Deuxième Fois.
Alléluia, que Pierre pensait de lui-même. The Second Coming Of Christ, comme on disait.
Et laissez venir à moi tous les petits enfants…
On en parle
Un livre dont la lecture amène à se questionner sur les côtés loufoques des mythes et rites religieux. La religion ne serait qu'un placebo et surtout; Vouloir mourir sans jamais mourir, cela s'appelle écrire. Pierre Gariépy sait agoniser sans mourir.
– Info-culture.biz, 27 janvier 2011