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Sébastien et Élise se sont aimés, et puis plus. Trente ans après, voilà qu’ils se retrouvent, et qu’une passion nouvelle embrase leur être transformé. Ils ne sont plus ceux d’avant, ils sont ceux qui s’aiment, aujourd’hui, dans la fragilité et la beauté du grand âge. Jusqu’où est-il bon de défendre ce bonheur inespéré contre les ombres du passé, contre celles de la nuit qui guette?

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Extrait

Nous sommes tous les deux rassasiés d’années. Parents, en âge d’être grands-parents, même, nous nous retrouvons face à face, et nous avons acquis la sagesse de ne pas nous affronter. C’est l’un des rares avantages de l’âge. Nous aurions pu passer notre chemin. Nous nous sommes salués, mais nous aurions pu éviter de nous reconnaître. C’est que la sagesse ne dicte pas la démission; la sérénité peut être une source de naissance. Je dis bien naissance. Ni reprise, ni recommencement.

Cette Élise, c’est la première fois qu’elle serre ce Sébastien contre elle. Tu ne retrouves pas l’homme qui t’aimait sans jamais oser te regarder au creux des prunelles. Il m’est souvent arrivé de chercher à reconstituer ton visage dans mon esprit. En vain. Je pouvais croire que j’entendais ta voix, reconnaîtrais ta démarche, ta manière de frapper le sol pour annoncer ta présence, mais ton visage m’échappait. Je regardais alors ta photo et j’avais le sentiment précis, net et terrifiant, que j’avais devant moi une inconnue, que je ne t’avais jamais vraiment regardée.