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La salle n’était pas un archipel de tables isolées, mais une mer houleuse, une vague enthousiaste, une foule grondante qui vibrait au diapason du bruit et qui s’offrait, dans l’oubli de la nuit, une virée ivre de boisson, de rire et d’amour. […] Pour un bref instant, je n’habitais plus mon corps, je ne vivais plus mon époque, j’étais un passeur, un témoin, à peine le figurant d’une histoire qui me dépassait.

Entre les murs de L’Uchronie, petit bar de coin de rue où défilent les meilleurs ensembles de la scène jazz, Félix prête depuis quinze ans ses bras à l’ouvrage et ses oreilles aux vies qui s’y racontent. Aux rêves et aux veillées qui prennent feu s’ajoutent autant de secrets, de voyages temporels et de destins liés par ce lieu de promiscuité survoltée.

Cœur battant d’un Mile End musical, Je travaille dans le bruit chemine au gré de la gentrification du quartier, dont les contrecoups, tour à tour spectaculaires, violents et pernicieux, mettent en péril la survie de L’Uchronie.

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Extrait

« Par l’échancrure imaginée de ma finalité, je songe aux multiples vies qui ont peuplé ce lieu, à toutes ces aspirations qui n’ont pas évité la faillite et à la promiscuité des époques que permet cet endroit. C’est un enchantement, une connivence qui me fait unir mon destin à celui du bar. Je lie mes rêves aux siens, je vibre à son rythme et je tente de lui insuffler un peu de ce que ces âmes errantes lui ont abandonné. Dans la précieuse communion que je ressens avec ces voix, il me semble que le bar devient bien plus que ce qu’il est : théâtre du monde, temple de tous les possibles et asile de tant de réfugiés. Et, aussi éphémère soit-il, le voici, sur le coin de la rue, prêt à nous accueillir. »

On en parle

« Avec ce genre de virtuosité qui ne peut être atteinte qu'en vertu d'un vaste champ expérientiel conjugué à une réflexivité monstre, Yannick Marcoux dépeint magistralement le microcosme frénétique du bar, étreint la soif dans toutes ses subtilités et nous transmet l'eros du jazz avec l'ardeur d'un barman en période de rush. [...] Vous vous apprêtez à lire un roman à ce point fiévreux et réussi que lorsque vous irez dans un bar descendre une pinte tranquille au comptoir, tout cet univers se révélera davantage pléthorique ! »
— Olivier, libraire chez Gallimard Montréal, juillet 2024

« Le narrateur s’adresse à nous sur le ton de la confession, dans une langue simple, mais soignée, où rien n’est superflu. On sent sa jeunesse et ses rêves, sa conviction et son idéalisme. Certains chapitres sont plus introspectifs, d’autres plus anecdotiques, d’autres encore abordent avec lucidité des enjeux de société, comme la pauvreté, l’itinérance, la toxicomanie et l’embourgeoisement. Mais les plus belles pages sont sans aucun doute celles où Félix décrit l’exaltation que la musique produit en lui. »
—Christian Saint-Pierre, Le Devoir, août 2024

« Or, malgré tout, ce sont les humains qui priment dans ce roman sensible. Et même lorsque Yannick Marcoux aborde la gentrification, un thème fort du livre, celle-ci passe avant tout par les humains qui la subissent. » 
 Léa Harvey, Le Soleil, août 2024