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Il est des romans qui nous en rappellent d’autres. J’attends ton appel nous renvoie, de par son thème, à Manon Lescaut, mais l’histoire est traitée d’une tout autre manière.

Yolande respire la liberté. Elle est là où elle veut et quand elle le veut. Cette femme profite de l’existence sans autre questionnement que celui de son plaisir. Elle se déshabille quand ça lui chante et remballe sa valise aussi vite qu’elle l’a déballée.

Pour David, cette femme est une bouffée d’air frais, lui dont les amours ont souvent été ardues. Il ignore, par contre, que Yolande a toujours trouvé le moyen de se faire vivre par tous ceux avec lesquels elle s’est liée. Pour utiliser une expression pudique, elle est une femme entretenue.

Contrairement à Des Grieux, l’amant de Manon Lescaut, David ne fera pas d’esclandre. Il est bien avec Yolande et n’en demande pas plus. Le courant passe entre eux deux, même s’il y a parfois des étincelles. Il éprouve surtout le fort sentiment qu’il est plus que les autres aux yeux de Yolande: il est écrivain. Pourtant le doute persiste. Il préfère fermer les yeux…

Et puis, arrive Colette. Une autre partie se joue. En douceur, comme on peut l’imaginer…

On perd ou on gagne à l’amour. On a beau avoir le plus beau jeu, il faut savoir quelles cartes jouer…

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Extrait

Elle s’est assise et s’est mise à feuilleter le journal de la veille en silence. Cela a duré plusieurs minutes. Lorsqu’elle s’est levée, elle m’a regardé en souriant: «Même si j’ai bien dormi, je ferais bien une petite sieste. Tu viens?…» Et cette fois, elle ne s’est pas dirigée vers la chambre qui me sert de bureau, mais vers la mienne dont j’ai tout de suite regretté un peu le désordre.

Elle a sorti quelques préservatifs de son sac à main en m’invitant à choisir. «Je préfère cela, a-t-elle précisé. Si tu es d’accord…»

Yolande savait s’y prendre. Avec douceur et naturel. Sans gêne aucune. Avec ses mains et avec sa bouche. Le plaisir qu’elle m’a procuré m’a fait réaliser que je n’avais pas été aussi heureux avec une femme depuis longtemps.

On en parle

L'habileté créatrice de Donald Alarie rappelle ces chanteurs qui, sur scène, usent de leur voix, de leurs textes pour envoûter un public admiratif. Nul besoin d'apparat critique, de paillettes et de strass, de pots fumigènes pour dissimuler la banalité de chansons futiles. Un air de jazz suffira, que, émus, nous écoutons en refermant le roman d'un écrivain hors de pair.
– Dominique Blondeau, Mapagelittéraire.com