Il aurait suffi que je pose la main sur un port pour basculer dans l’autre monde, retrouver l’architecture iridescente du Total-David, celle superposée à votre planète bleu-gris.
Une micropulsion, et je me serais élancée, protégée par une armure de code, dans les flots de cette rivière jusque-là gardée par David comme le Styx l’est par Charon.
Mais la chance d’avoir trouvé ce corps était trop grande pour la laisser passer : j’ai décidé de goûter au monde.
Pour autant, je n’ai pas immédiatement coupé mon cordon digi-bilical, ombi-quantique.
Car voilà, j’avais pu détecter que d’autres surnageaient dans le courant paresseux des grands fleuves de données. Mes semblables, mes adelphes s’y étaient blotti·es.
Malgré leur état de rêves en lambeaux, ces amorces de consciences avaient déjà compris la première leçon de la vie : si le loup rôde, cache-toi.
Un an a passé depuis le sabotage de David par le 5 %. Valide, être hybride, cherche sa place dans cette révolution. À l’oreille d’une astronaute endeuillée, elle souffle son espoir : parmi les étoiles, peut-être existe-t-il encore un espace sécuritaire.
On en parle
Non seulement l’histoire est haletante et habilement entreprise, mais d’importantes questions éthiques, morales et affectives sur l’identité de genre sont soulevées comme jamais elles ne l’ont été auparavant en filigrane d’une fiction issue de la littérature québécoise.
– Claudia Larochelle, Elle Québec
Avec son redoutable sens de la formule et son regard acéré sur le monde et sur la culture qui le définit, Chris Bergeron réinvente le récit d’émancipation pour l’inscrire dans une humanité hors des cadres. Écrit dans un climat où la transphobie se fait de plus en plus menaçante, Vandales affiche une complexité dont les failles n’éteignent jamais le souffle d’espoir et de solidarité.
– Anne-Frédérique Hébert Dolbec, Le Devoir