Un lac. C’est comme écrire «un homme». Ça ne veut rien dire au fond. Ça ne le peut pas. Un tout petit mot unique pour désigner des mondes imbriqués, vastes, complexes. En surface, les lacs sont comme nous. Paisibles, ils réfléchissent. Tourmentés, ils deviennent obscurs. Leur âme se trouve en profondeur, secrète, silencieuse… Les lacs sont des poupées russes en apnée. Des miroirs d’Alice. Ils sont des bols plus remplis de mystères que d’eau.
Et dedans, il y a aussi des poissons.
Les récits de ce recueil ont comme dénominateurs communs la plongée sous-marine et le Lac-des-Seize-Îles. Mais la plongée est un prétexte seulement. Il s’agit davantage de rencontres. De la découverte d’êtres étranges dont la différence superficielle se dissout, sous les mètres d’eau ; de lieux où semble régner une magie particulière. Là-dessous, la poésie opère son alchimie, utilisant comme révélateur l’émerveillement, le hasard, l’ordre et le chaos, même la peur, parfois. Et, de la surface, on ne voit pas que les îles sont des montagnes…
Extrait
Un lac.
C’est comme écrire « un homme ». Ça ne veut rien dire au fond. Ça ne le peut pas. Un tout petit mot unique pour désigner des mondes imbriqués, vastes, complexes. En surface, les lacs sont comme nous. Paisibles, ils réfléchissent. Tourmentés, ils deviennent obscurs. Leur âme se trouve en profondeur, secrète, silencieuse… Les lacs sont des poupées russes en apnée. Des miroirs d’Alice.
Toutes sortes d’êtres peuplent les eaux noires. Des tout petits qu’on ne voit pas mais qui sont partout, par millions. Quand on plonge au bout du quai, on plonge dans plus d’animaux que d’eau. Des moins petits, qui habitent sur les rochers et qui dansent au gré des mouvements de l’eau comme des guerriers drogués dans des rites shamaniques. Des colonies entières qui dessinent sur les parois des rochers des géoglyphes occultes. Mais aussi des monstres silencieux et rusés, des choses qui vous regardent quand vous vous mirez sur la surface. Qui ondulent juste là sous votre image inversée, et qui se nourrissent de cette partie de votre âme cachée derrière le bouclier de votre peur. Des choses impossibles qui remontent parfois des abysses pour frôler les jambes des nageurs surpris.
Les lacs se cachent en eux-mêmes, en pleine vue, déguisés sous les habits de notre ignorance, des sans-abris qu’on ne regarde jamais en pleine face. Sous des allures d’évidences, ils sont des bols plus remplis de mystères que d’eau.
Pour qui trouve le courage de s’y abreuver, ils peuvent réparer ce qui fut brisé, altéré.
Ils peuvent désaltérer.
Et dedans, il y a aussi des poissons.
On en parle
Le lecteur qui s'intéresse aux questions touchant le territoire ou la fragilité de la nature y trouvera des réflexions pertinentes sur ces sujets. Voilà une voix assumée : celle d'un homme curieux qui a envie de se raconter par nos cours d'eau.
– Julie Roy, L'Actualité
Ce narrateur généreux, qui n'est autre que l'écrivain, toujours sincère et humble, se pâme et se grise des éléments sous la surface bleue ou noire du lac des Seize îles […]. On apprendra beaucoup de ces récits, transportant avec eux des objets insolites […]. Des légendes fabriquées par un passé peu lointain, comme celle d'un camion qui, naguère, aurait naufragé sous une surface glacée trop peu solide. [L]a poésie, toujours au rende-zvous, aiguisant la sensibilité du narrateur, ne dérange en aucune manière la compréhension de la parole particulière qui nous renseigne sur les amours des truites grises, sur l'intelligence des achigans, le jeu des loutres.
– Dominique Blondeau, Ma page littéraire
Un carnet de plongée empreint du souffle des récits d'aventures classiques et auquel se greffe la poésie des étoiles, des hydres et des strates gisant jusqu'aux plus profonds des lacs.
– François-Alexandre Bourbeau, Librairie Liber dans Les libraires
On sort plus intelligent de cette lecture que lorsqu'on y est entré. […] Un grand livre, car il respecte son lecteur.
– Culture Hebdo
Comme son musée, le livre de Jean-Louis Courteau est une collection de découvertes. Ou plutôt une collection de récits, inspirés par l'émerveillement et l'introspection. On sent que Jean-Louis plonge autant pour explorer son âme que le lac.
– Journal Accès
[…] la plongée est un prétexte seulement. Il s'agit davantage de rencontres. De la découverte d'êtres étranges dont la différence superficielle se dissout, sous les mètres d'eau; de lieux où semble opérer une magie particulière. Là-dessous, la poésie opère son alchimie, utilisant comme révélateur l'émerveillement, le hasard, l'ordre et le chaos, même la peur parfois.
– 98,5 FM Quart de nuit