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Josée souffre d’insomnie chronique. Parfois, elle n’arrive plus à comprendre les choses les plus simples, tant sa fatigue l’accable. «Pense à rien. Pis dors», lui dit son chum Philippe, excédé. Mais ne penser à rien est impossible pour cette femme dont les pensées ne cessent de tourner dans sa tête, telle une vis sans fin.

Honteuse d’un récent accès de colère, au cégep où elle enseigne, elle prend quelques jours de congé et cherche de l’aide auprès d’un médecin, puis d’un ostéopathe. Mais le baume viendra d’ailleurs. De sa famille et de ses voisins. De l’amitié et de la tendresse. Le baume, mais pas la guérison. Quand on ne dort pas, le défi est d’occuper ses nuits.

Tout comme dans La petite et le vieux, Marie-Renée Lavoie arrive à créer ici un microcosme social avec beaucoup de vivacité et une bonne dose d’humour. Son grand sens de l’observation lui permet de rendre avec justesse ce qui fait l’ordinaire de la vie; elle nous amène à voir ce que nous ne voyons plus. Tout lui sert de matériau: des vers de terre sur le trottoir, sous la pluie, des revues de psycho pop, des bonbons dégueux, des courriels de cégépiens inquiets… Sous sa plume, cet ordinaire acquiert une dimension nouvelle. Un simple souper de famille ou une journée passée à la cabane à sucre sont traversés par un souffle épique. Comment ne pas être séduit par cet univers où l’on croise un cowboy, un géant nommé Bonne Fête des Morts et un chat à trois pattes?

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Extrait

Ma vessie m’arrache au sommeil pour trois gouttes, la salope. Elle est de mèche avec la vis qui en a profité pour se remettre en mouvement. Je suis coincée, la tête dans l’engrenage: les pensées affluent, tournoient, se tordent et replongent pour mieux revenir dans une forme paranoïde; elles suivent un mouvement hélicoïdal sans fin, jusqu’à ce que ma tête s’épuise. […]

Je dois attendre, la laisser suivre son mouvement, malaxer les souvenirs désagréables jusqu’à en faire une bouillie informe. C’est chaque nuit une condamnation sans appel contre laquelle je ne me bats plus. […] Je m’abandonne au typhon de mon cerveau qui dérape.

On en parle

La force de ce roman réside dans l'aisance de l'auteure à décrire avec précision et humour l'univers de Josée. Elle possède cette facilité d'expliquer l'ordinaire de la vie avec une minutie et une sensibilité hors du commun. Cela permet, justement, d'apprécier cette routine et d'y poser un regard différent.
– Julie Niquette, Huffington Post

Plutôt bien servi par le style vif, toujours inventif, le regard humain et l’humour lumineux de Marie-Renée Lavoie, Le syndrome de la vis est l’histoire d’un dérapage contrôlé racontée au je.
– Christian Desmeules, Le Devoir 

Marie-Renée Lavoie, qui avait démontré une oreille très fine pour les dialogues dans La petite et le vieux, se révèle non moins habile au monologue intérieur quand elle transcrit les pensées nocturnes de la narratrice. [...] Dommage pour les insomniaques: Le syndrome de la vis n'a rien d'un somnifère.
–Martine Desjardins, AC Livres

Tendresse, humour, valeurs communautaires, c'est un peu ce que l'on retrouve et dans le discrous de l'auteure et dans ses livres. [...] Il y a un grand amour de la famille et des autres chez Marie-Renée Lavoie, et c'est ce qu'elle veut transmettre dans ses romans. 
–Chantal Guy, La Presse, 2 novembre 2012