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Clovis Agaric arrive de Marseille avec un visa temporaire pour travailler comme intervenant au Bercail, un centre d’hébergement montréalais du quartier Bonsecours.

À l’ombre des attraits touristiques, Clovis vient en aide aux itinérants. Artisan de la compassion inspiré par l’abbé Pierre, idéaliste un peu brouillon, l’intervenant combat les préjugés et se dévoue pour oublier son propre mal de vivre.

Dans ce roman empreint d’humanité, où personne n’est tout noir ou tout blanc, chacun est criant de vérité, autant les travailleurs sociaux, les collègues de Clovis, que ces démunis qu’on ne voit plus, pas plus qu’on ne remarque le mobilier urbain.

D’ailleurs, la plupart des itinérants, par fierté, préfèrent se fondre dans le paysage, se cacher pour mourir à petit feu. Aucun drapeau ne sera mis en berne pour eux. Aucune chapelle ardente. Rien. Le peuple du décor peut disparaître.

Pourtant, même celles et ceux qui n’ont rien peuvent donner beaucoup, et Clovis en prendra conscience lorsqu’il lui faudra, à son tour, accepter la main qu’on lui tend.

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Extrait

— Vas-y, toi! Magne-toi! Passe par là-bas, en haut, puis retourne au Bercail en prenant des ruelles tranquilles. Fais gaffe! Et, surtout, va pas te mettre à gueuler comme une cinglée. Tu m’entends?
— T’es con? Viens avec moé!
— Non, petite. Je vais aider ceux que je peux. J’ai pas fini mon boulot. Fous le camp. Fous le camp, j’te dis! Dégage!

La Coucoumelle secoue la tête. Quel imbécile! Pourtant, il l’a sauvée, et il en sauvera d’autres. Clovis est comme ça. Il est comme ça, son bel étranger. Personne ne pourra l’en empêcher.

Elle le laisse, le cœur déchiqueté, s’efforce de ne pas se retourner, s’enfuit en boitant vers l’est.