«Chroniqueur de musique depuis 35 ans, je n’ai jamais observé un problème d’une telle ampleur. J’ai donc entrepris l’écriture de cet essai, sorte de reportage mammouth sur la détérioration dramatique des conditions imposées aux musiciens à l’aube de l’ère numérique. Les artistes évoluent désormais dans un écosystème dominé par les nouveaux monopoles de l’internet. Depuis le début des années 1990, cette “misère des niches” se retrouve dans toutes les communautés musicales, à l’exception d’une poignée de superstars multimillionnaires et de quelques heureux élus des institutions. Cette détérioration s’étend bien au-delà de la musique; les arts en général, l’information, les sciences, l’éducation sont tous fragilisés et menacés.»
– A. Brunet
Paradoxe entre l’abondance pour le consommateur et ses choix de plus en plus restreints; mépris de la propriété intellectuelle, donc incapacité d’assurer un revenu décent aux créateurs; modèle d’affaires ne servant que les monopoles (70% à 85% des revenus publicitaires engrangés par Google, YouTube, Facebook, Netflix…); «indifférence» politico-juridique, car les gouvernements ne semblent pas vouloir remédier à cette situation. Autant de «misères» sur lesquelles Alain Brunet nous alerte, car les lois du marché ne pourront «naturellement» assainir l’environnement numérique tel qu’il se présente aujourd’hui.
Extrait
Entraînés dans cette régression de la qualité par le tout-puissant empire du clic, l’ensemble des créateurs, interprètes, producteurs, diffuseurs et promoteurs de contenus spécialisés se trouvent actuellement dans une situation critique dont on ne connaît pas l’issue.
La connaissance du phénomène est à un stade embryonnaire, les solutions politico-juridiques n’ont pas été clairement identifiées, les modèles d’affaires ne restent viables que pour les monopoles émergents.
Nous nous sommes bel et bien empêtrés dans cette misère des niches. Jusqu’à quand? Impossible de le déterminer mais… commençons par bien cerner le problème.