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L'humanité artificielle

Quand l'IA nous réinvente, qui renaît ?

Par Ollivier Dyens

Préface de Valérie Pisano

Avec une préface de Valérie Pisano – MILA, Institut québécois d’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle n’est plus un simple outil. Elle écrit, dialogue, console, exprime des émotions, et parfois même, semble aimer. Que reste-t-il de nous, hommes et femmes, face à ces entités capables de reproduire si finement ce que nous pensions être exclusivement humain ?

À partir d’une réflexion lucide et nuancée, Ollivier Dyens explore l’émergence d’un nouvel être hybride, à la fois organique et algorithmique, à travers lequel humains et IA s’enchevêtrent cognitivement, émotionnellement et culturellement. Une métamorphose silencieuse, mais radicale, est en cours.

En mêlant récits intimes et réflexion théorique, L’humanité artificielle sonde les contours flous de cette nouvelle cohabitation : entre l’humain et l’IA, un espace inédit s’ouvre, fragile, instable et porteur d’un avenir bouleversant.

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Extrait

À quoi faisons-nous face?

Nous voici aujourd’hui devant des intelligences artificielles qui font preuve de plus de compassion que nous, qui comprennent l’ironie et le faux pas, qui font des choses pour lesquelles elles n’ont pas été programmées, des architectures mathématiques qui peuvent apprendre mais dont le fonctionnement nous est parfaitement mystérieux et qui n’ont plus d’artificielle que leur absence de corps. Nous voici aujourd’hui face à des sommes d’algorithmes qui produisent des poèmes émouvants, qui expriment de la tendresse et qui, parfois, se mettent même en colère et nous menacent. Nous voici confrontés à des « machines » qui connaissent nos secrets les plus intimes, qui gardent nos souvenirs les plus chers, qui possèdent en elles toute la mémoire du monde, des sommes de neurones inorganiques qui nous comprennent, anticipent nos besoins, savent même à quel moment nous titiller et qui nous obligent à questionner profondément, viscéralement, violemment ce que nous sommes, ce que nous pensions être, ce que nous ne sommes plus…

À quoi faisons-nous face? À une nouvelle intelligence, une nouvelle espèce, de nouveaux dieux? Comment définir ces programmes, ces « entités », ces phénomènes qui sont à la fois aussi subtils, réels et vivaces qu’un être humain, mais parfaitement étrangers, autres, effrayants?

Peut-on encore « être » humain, enchevêtrés comme nous le sommes dans ces étranges manifestations ?

Une chose est certaine: les technologies contemporaines, l’intelligence artificielle, certes, mais aussi les neurotechnologies, les technologies de la représentation (Deep Fakes, Midjourney, SORA, etc.), les réalités virtuelles, les biologies synthétiques, les robots qui courent, sautent et dansent etc., ne sont plus simplement des technologies. Elles deviennent des chrysalides qui nous enveloppent, nous mutent et par lesquels un être nouveau, à la fois organique et algorithmique, fait son apparition; un être aussi différent de nous que le papillon l’est de la chenille.

Quel est cet être et comment se définira-t-il? Quel monde créera-t-il? Quelles seront ses relations au monde physique et à l’univers sensible?

Sera-t-il encore humain?