Fermer

J’écris à ceux qui n’arrivent pas à parler de leur croyance parce qu’ils ont peur du ridicule, ceux qui craignent de ne pas être pris au sérieux du moment qu’ils s’afficheront comme non-athées, ceux qui ne veulent d’aucun prêtre qu’il soit religieux ou laïque. J’écris pour ceux qui ont toujours l’impression de faire une danse un peu drôle du moment qu’ils participent à un rite dans un lieu de culte. J’écris pour ceux qui aiment danser sans chef, je respecte la danse en ligne, mais j’ai toujours mieux compris la chanson « Dancing with myself ». J’écris pour ceux qui se sont laissés convaincre de parler de ces choses le moins possible, par peur de passer pour des cons réactionnaires rétrogrades.

À la fois témoignage, enquête de terrain et réflexion philosophique, cet essai contribue à renouveler le regard québécois sur le religieux par son approche libre et hors de tout dogme.

Afficher

Extrait

J’écris à ceux qui n’arrivent pas à parler de leur croyance parce qu’ils ont peur du ridicule, ceux qui craignent de ne pas être pris au sérieux du moment qu’ils s’afficheront comme non-athées, ceux qui ne veulent d’aucun prêtre qu’il soit religieux ou laïque. J’écris pour ceux qui ont toujours l’impression de faire une danse un peu drôle du moment qu’ils participent à un rite dans un lieu de culte. J’écris pour ceux qui aiment danser sans chef, je respecte la danse en ligne, mais j’ai toujours mieux compris la chanson Dancing with myself. J’écris pour ceux qui se sont laissés convaincre de parler de ces choses le moins possible, par peur de passer pour des cons réactionnaires rétrogrades.

Moi et tous les autres comme moi, j’ai envie que nous cessions d’être gênés. Si la religion relie, tout de suite après le lien à Dieu, il y a pour moi le lien aux autres qui croient semblablement, et qui n’osent pas le dire autour d’un bon souper où la conversation coule bien, par peur de tout gâcher le religieux qui s’y trouve subrepticement. Relier religieusement serait de me donner une voix, de me donner des interlocuteurs, et toute ma philosophie se résume à ça, finalement : donner un espace à ceux qui ont peur de parler trop fort, mais refusent de se laisser marcher sur les pieds pour autant. Au Québec, depuis quarante ans, l’athéisme est la religion publique acceptée, elle est la voie intellectuelle dominante et elle est la position par défaut du gouvernement. Je voudrais plutôt revendiquer l’intelligence de la foi dans un espace autre, celui de la littérature, un lieu privé et partagé à la fois, presque comme une société secrète. Une foi sur le mode de la promesse, quelque chose comme « je serai là pour toi si tu en as besoin ».