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Alors que les protagonistes de On the Road et de Volkswagen Blues parcourent les États-Unis d’est en ouest, André Pronovost le fait du sud au nord en remontant l’Appalachian Trail, un sentier de deux mille milles qui traverse treize États de l’Est américain, de la Géorgie au Maine. Mais Appalaches est beaucoup plus que le récit au jour le jour de cette épique randonnée de quatre mois et demi. C’est un voyage au cœur de l’Amérique, représentée ici par tous ceux que le narrateur croise sur le sentier et dans les villes qui le bordent, qu’il s’agisse d’un G. I., d’un pasteur, d’un militant écologiste ou d’une famille typique de la middle class. C’est une plongée en apnée au cœur de l’inconscient américain, en compagnie d’Elvis, de Marilyn, de Bob Dylan et de la Vierge Marie. C’est une réflexion sur l’amour et sur la vie, un hymne à la nature doublé d’une quête spirituelle, un road novel à l’écriture sensuelle et rythmée. C’est un inoubliable poème.

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Extrait

Un vieil homme dans sa chaloupe descendait le fleuve du temps. La pluie débuta comme je gagnais l’autre côté du pont. Tout était d’une tristesse! Je mis ma housse sur mon barda et mon imper sur mon vieux dos, et contre-attaquai. Toute ma vie, j’avais contre-attaqué. J’étais un homme triste, mais nullement dépressif. Si je souffrais de quelque chose, c’était de la peur d’être arrêté, accusé, jugé, condamné. Car j’étais un assassin. Je planifiais d’abattre Satan et, d’un même coup de hache, l’Orgueil, l’Avarice, l’Envie, la Luxure, la Gourmandise, la Colère, la Paresse. Une corneille m’engueula; je lui répondis d’aller se faire foutre. Le vent donnait des coups de balai. Les teintes du sentier étaient celles de mes rêves. Ce fut en blasphémant et en glissant dans la gadoue, et en comptant ces putains de milles, que je passai le lac Sunfish, ses grisailles et ses outardes. Je soupçonnais les chats de gouttière du ghetto noir de Chicago d’avoir sur l’Amérique une opinion semblable à la mienne.

On en parle

Émerveillé, fabuleusement disponible, lyrique, en toutes circonstances fou d'Amérique, neveu spirituel de Roy Orbison et d'Elvis, André Pronovost, né en 1941, signe ici un drôle de livre intemporel qui nous dévoile par la bande une des sources de son œuvre.
– Christian Desmeules, Le Devoir, 23 juillet 2011

Il y a des livres qu'on quitte à regret. Et qu'on aurait voulu long. Très long. Le récit d'André Pronovost, Appalaches, est de ceux là.
– Didier Fessou, Le Soleil, 29 mai 2011