L’Histoire en hébreu se dit toldot, terme pluriel qui se traduit par enfantements, engendrements. On doit donc se mettre au diapason de cette notion pour saisir un peu de quoi est fait le Messie qui apparaît dans la Bible et le Talmud comme la retombée d’une généalogie. La pensée juive conçoit l’histoire comme chaîne des filiations et donc comme enjeu du désir, de la jouissance, de la transmission, de l’identification, bref, comme nouage des noms et aventure «dramatique» de la parole.
On peut dire que cette poétique est à l’origine de l’Occident; origine juive qui occupe l’histoire et la travaille à son insu telle une lettre restée en souffrance. Le Messie ayant quelque chose à voir avec le sexe et la sexuation, il est, dans son invention même, une figure de l’engendrement que l’épistémologie des sciences historiques méconnaît.
Le Christ est venu obturer «la porte étroite» par où le Messie peut toujours venir. En prenant à sa charge le péché du monde, il délivre la chrétienté du risque que constitue l’incréé de la responsabilité. Avec Lui, le littéral se voit frappé de refoulement au profit de ce que le christianisme appelle «l’esprit» pour désigner une transcendance du signe qui promeut l’exégèse et substitue à la mémoire la commémoration et l’acte de foi en l’événement. Mais pour la tradition juive, le Messie désigne la prise en compte du temps comme engendrement, passage par la naissance et la mort, ce qui implique, à l’encontre de la mythologie, un devenir, de même qu’un corps et une conscience éthique livrés à l’alternance du jour et de la nuit. Car le Messie pourrait bien n’être qu’un effet de la sortie du temps mythique, la figure la plus saisissante de la démythologisation de la parole.
(Cervantès, Schreber, Aboulafia, Klein, Céline, Perec, Freud, Lacan, le Talmud, la Bible...)
L’Histoire en hébreu se dit toldot, terme pluriel qui se traduit par enfantements, engendrements. On doit donc se mettre au diapason de cette notion pour saisir un peu de quoi est fait le Messie qui apparaît dans la Bible et le Talmud comme la retombée d’une généalogie. La pensée juive conçoit l’histoire comme chaîne des filiations et donc comme enjeu du désir, de la jouissance, de la transmission, de l’identification, bref, comme nouage des noms et aventure «dramatique» de la parole.
On peut dire que cette poétique est à l’origine de l’Occident; origine juive qui occupe l’histoire et la travaille à son insu telle une lettre restée en souffrance. Le Messie ayant quelque chose à voir avec le sexe et la sexuation, il est, dans son invention même, une figure de l’engendrement que l’épistémologie des sciences historiques méconnaît.
Le Christ est venu obturer «la porte étroite» par où le Messie peut toujours venir. En prenant à sa charge le péché du monde, il délivre la chrétienté du risque que constitue l’incréé de la responsabilité. Avec Lui, le littéral se voit frappé de refoulement au profit de ce que le christianisme appelle «l’esprit» pour désigner une transcendance du signe qui promeut l’exégèse et substitue à la mémoire la commémoration et l’acte de foi en l’événement. Mais pour la tradition juive, le Messie désigne la prise en compte du temps comme engendrement, passage par la naissance et la mort, ce qui implique, à l’encontre de la mythologie, un devenir, de même qu’un corps et une conscience éthique livrés à l’alternance du jour et de la nuit. Car le Messie pourrait bien n’être qu’un effet de la sortie du temps mythique, la figure la plus saisissante de la démythologisation de la parole.
(Cervantès, Schreber, Aboulafia, Klein, Céline, Perec, Freud, Lacan, le Talmud, la Bible...)
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Finaliste
Prix Victor-Barbeau de l’Académie des lettres du Québec 2008
Lauréat
Prix Jacob Isaac Segal (Littérature en français sur un thème judaïque) 2008
Finaliste
Prix Spirale Eva-Le-Grand 2008