Oslo est le roman de la traversée du parc La Fontaine. Une longue quête qui dure toute la nuit par un homme aux pieds nécrosés qui veut retrouver son fils avant d’être amputé des deux jambes. Un très beau roman sur la filiation et la paternité.

Extrait

Un fils. Qu’est-ce qui pousse un homme à le devenir? À le rester? [...]

Denver avait été un enfer et je me suis enfui. J’avais passé mon adolescence dans des cabinets de médecins à soigner une allergie qui n’avait fait qu’empirer. Mes seuls compagnons étaient les livres et ces cahiers que je remplissais d’une écriture noire et agitée. Le lendemain de mes dix-huit ans, je suis parti, laissant ma grand-mère à ses silences amers. Je voulais écrire et j’ai senti que, pour y parvenir, il me fallait mettre de la distance entre mes souvenirs et mes brouillons, entre ma vie et mon passé.

Je suis monté, à l’aube, dans le premier autobus. La veille, j’avais tout brûlé dans une poubelle rouillée, mes cahiers de notes, des vêtements usés, une liasse de lettres jamais décachetées, les draps de mon enfance. L’odeur avait été atroce, un mélange d’ammoniac et de suie. C’était l’encre qui se consumait. Le bleu des flammes, les volutes de fumée, les craquements emmêlés m’avaient rappelé ces feux que nous allumions, Oslo et moi, l’été après avoir longtemps traîné sur la voie ferrée aux abords de la ville.