Tout débute par une simple rencontre dans le métro de Montréal; deux êtres se croisent, se fréquentent, s’aiment et s’entredéchirent... Pour subsister, le couple prend la route, direction la côte est américaine: Frackville, Nashville, Myrtle Beach, Richmond, Washington. Arrivés dans la capitale, ils décident d’aller voir le Vietnam Veterans Memorial, un long mur de granit noir sur lequel sont gravés les noms des cinquante-huit mille trois cents G.I. morts au combat. Un nom surgi au hasard – Edward D. Henry – deviendra l’objet d’une quête de vérité dont personne ne sortira réellement indemne.
Porté par le talent de Bertrand Gervais, La dernière guerre est un roman sensible, bouleversant, un croisement entre fiction et documentaire qui propose de réconcilier l’emprise du passé, les réalités du présent et l’espoir de l’avenir.
Extrait
Un frottis. Un simple frottis. Un mur de granit noir, des noms gravés par dizaines de milliers, une feuille détachée d’un carnet, un crayon à mine emprunté, un frottement. L’histoire que je veux raconter commence avec un frottis. A name rubbing. Et un nom: Edward D. Henry.
Je dis l’histoire, mais j’ignore si ce qui se cache sous les mots que je suis en train d’écrire est bel et bien une histoire. De l’Histoire, avec une majuscule, oui, il y en a, mais pour le reste, je ne sais pas. La tentation est forte de lier la petite et la grande Histoire, mais au-delà de la guerre, du conflit armé, amoureux ou familial, je me demande jusqu’où se rend l’analogie.
Je réalise par contre que je veux laisser parler les événements, les laisser dicter la trame de mon récit. Je m’imagine en correspondant de guerre qui entreprend d’organiser ses notes de terrain. Et tout commence par un nom déposé, sans trop y penser, sur une feuille de papier quadrillé.