La parole, quelle qu’elle soit, appelle, interpelle, apostrophe l’autre. L’injure, parole créatrice parce que performative, se dresse par ailleurs entre toi et moi pour illustrer la condition de l’individu dans le langage: je parle donc je m’impose, ne serait-ce que parce que je possède le langage au moment où je parle. Aussi l’injure est-elle un lieu tout désigné d’où repenser notre inscription sociale; grâce à sa nature performative, c’est-à-dire son penchant pour l’échec, elle peut devenir un moyen d’échapper aux rôles qui nous ont été imposés. Dans ces conditions, injurier pourrait-il être un acte d’émancipation?
C’est à cette question que tente de répondre Sandrina Joseph lorsqu’elle examine l’injure comme mode d’usurpation langagière au féminin en s’appuyant sur ses lectures des textes de Violette Leduc, Annie Ernaux, France Théoret et Suzanne Jacob, textes dans lesquels sont mises en œuvre différentes stratégies injurieuses. Son entreprise, tant théorique que critique, consiste du reste en une recherche portant à la fois sur une prise de parole et une prise de pouvoir: la femme qui répond à une insulte dont elle fait l’objet refuse bien entendu de se taire, mais elle choisit également de s’emparer de l’injure afin de réclamer son statut de sujet. Il s’agit pour elle de trouver une manière non conventionnelle de répliquer de manière à interrompre l’échange injurieux. Il lui faut en somme parler pour faire autrement.
Contrairement à l’idée de Flaubert selon laquelle l’injure doit toujours se laver dans le sang, cet essai nous démontre qu’elle peut tout aussi bien se laver dans l’encre.
La parole, quelle qu’elle soit, appelle, interpelle, apostrophe l’autre. L’injure, parole créatrice parce que performative, se dresse par ailleurs entre toi et moi pour illustrer la condition de l’individu dans le langage: je parle donc je m’impose, ne serait-ce que parce que je possède le langage au moment où je parle. Aussi l’injure est-elle un lieu tout désigné d’où repenser notre inscription sociale; grâce à sa nature performative, c’est-à-dire son penchant pour l’échec, elle peut devenir un moyen d’échapper aux rôles qui nous ont été imposés. Dans ces conditions, injurier pourrait-il être un acte d’émancipation?
C’est à cette question que tente de répondre Sandrina Joseph lorsqu’elle examine l’injure comme mode d’usurpation langagière au féminin en s’appuyant sur ses lectures des textes de Violette Leduc, Annie Ernaux, France Théoret et Suzanne Jacob, textes dans lesquels sont mises en œuvre différentes stratégies injurieuses. Son entreprise, tant théorique que critique, consiste du reste en une recherche portant à la fois sur une prise de parole et une prise de pouvoir: la femme qui répond à une insulte dont elle fait l’objet refuse bien entendu de se taire, mais elle choisit également de s’emparer de l’injure afin de réclamer son statut de sujet. Il s’agit pour elle de trouver une manière non conventionnelle de répliquer de manière à interrompre l’échange injurieux. Il lui faut en somme parler pour faire autrement.
Contrairement à l’idée de Flaubert selon laquelle l’injure doit toujours se laver dans le sang, cet essai nous démontre qu’elle peut tout aussi bien se laver dans l’encre.
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Finaliste
Prix du Canada en sciences humaines 2011
Finaliste
Prix Gabrielle-Roy 2010