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Des langues en partage?

Cohabitation du français et de l'anglais en littérature contemporaine

De plus en plus, les œuvres en prose sont appréciées pour la multiplicité des langages – voire des langues – qu’elles font cohabiter. Toutefois, les conventions littéraires actuelles logent ce plurilinguisme à l’enseigne d’une langue tutélaire qui le contient et le limite autant qu’elle l’inclut. Plusieurs langues peuvent-elles tour à tour, dans un même texte, servir de véhicule à la relation d’un récit? Peuvent-elles cohabiter en toute réciprocité? Le présent ouvrage est le résultat d’une enquête sur des textes littéraires qui, en mobilisant à la fois le français et l’anglais à même leur narration, mettent en question la notion de langue principale.

Ces textes appartiennent à des littératures diverses: anglaise, acadienne, franco-ontarienne et anglo-québécoise. Catherine Leclerc les qualifie de colingues parce qu’ils établissent un rapport de réciprocité plutôt qu’une hiérarchie entre les langues qu’ils utilisent, forçant ainsi la redéfinition des espaces littéraires qui leur sont assignés. Mise aux côtés d’autres langues aptes à remplir ses fonctions, la langue tutélaire perd alors sa neutralité et devient sujette à un questionnement sur ce qui motive sa prépondérance. Mais en même temps que les textes colingues sapent son autorité, ils tirent parti de son statut prééminent. Ce difficile partage des langues, dans la narration, devient une métaphore puissante de leur hiérarchisation à l’échelle sociale, tout comme il ouvre sur la possibilité de contrer cette hiérarchisation en développant de nouveaux modes d’interaction entre les langues. Plus qu’une réalité actualisée, le colinguisme fonctionne alors comme un appel.

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Finaliste
Prix littéraires du Gouverneur général (Essai) 2011