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— Ésaü, le personnage biblique?
— Exact.
— C’est un prophète, non?
— Non. Le prophète s’appelle Ésaïe ou Isaïe, selon les traductions. Rien à voir avec Ésaü.
— Ah oui! Je me souviens maintenant. Ésaü, c’est le frère de l’autre. Celui qui vend; mais qu’est-ce qu’il vend? Il vend quelque chose pour un plat de lentilles.
— Ésaü est l’aîné des jumeaux.
— Ç’est ça (se frappe la tête): il vend son droit d’aînesse! (Un temps) Mais ça n’existe plus, le droit d’aînesse. (Un temps) Vous reprenez cette histoire?
— Si vous voulez.
— Et à part les lentilles, qu’est-ce qu’on sait d’Ésaü?
— Les rédacteurs de la Bible ont retenu peu de choses. Son histoire tient en quelques mots. Mais les exégètes ont commenté chacun de ces mots pendant des siècles. Tout ce qu’ils ont pu dire d’Ésaü! Vous verrez, nous le connaissons sans le connaître. Vous verrez en lisant le livre. Vous le reconnaîtrez peut-être. Il faut faire un petit effort.
— Sans doute. Mais qui est Ésaü?
— Voilà la question.
— Et qu’est-ce que vous racontez dans ce livre?
— Je dis qu’Ésaü est un roc; un roc d’enfance; dur, sauvage, intraitable; comme le nord, le froid; l’enfance perpétuelle, indomptable, d’un certain royaume.
— C’est tout? Et les lentilles?
— Il y a encore autre chose. Ésaü est un grand peintre. Un peintre célèbre. Vous ne le connaissez pas?
— Ça me dit bien quelque chose, mais. (Un temps) Mais non. Rien. Rien.

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Finaliste
Prix Ringuet 2010