Qui sommes-nous? Et comment le savoir lorsque l’histoire de nos origines individuelle et collective nous échappe? Que nous en ignorons des pans entiers? Que des faits essentiels ont été tronqués, déformés? Que d’autres ont été négligés ou volontairement tus, balayés sous le tapis de la honte? Ou plus simplement que la mémoire défaille? Et comment vivre lorsqu’on manque d’assises et de fondements? Et comment mourir lorsque ce qu’on croyait immuable s’écroule et que tout perd son sens? Voilà les questions qui tourmentent une vieille femme en fin de vie, une fille aux origines amérindiennes évidentes mais niées, un infirmier sans lien de filiation. Il y a aussi un sans-abri, qui réfléchit à la marge et pose un regard critique sur les troubles d’identité des autres, et une ville, d’une importance capitale dans notre histoire, que nous transformons, reconstruisons à notre guise, préoccupés d’en redorer le blason et d’effacer les taches susceptibles d’en noircir le souvenir.
Sur un ton à la fois décontracté et éclaté, Andrée Laberge nous propose un roman déroutant, complexe et tout à fait d’actualité sur nos origines et les distorsions de l’histoire qu’on aime bien réécrire à notre façon. D’ailleurs, qui peut se vanter d’en connaître le fin fond?
Extrait
[…] veuillez excuser et pardonner au sans-génie que je suis, car je surchauffe comme un puceau depuis qu’une belle défraîchie a déployé ses charmes usés de femme trop mûre pour raviver ma substance molle, j’en ai déjà le fusible qui menace de sauter juste à y penser, alors avant de décharger, la pile à plat, je cède la plume aux acteurs principaux qui me poussent dans le dos et urgent de s’inscrire dans cette histoire qui les concerne en direct pour témoigner de leurs problèmes d’identité [...]
à commencer par la fille, avec ses allures de sauvagesse, qui n’arrive pas à placer ses morceaux pour se faire une image claire [...].