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Marc Rialto, grand amateur d’art, a quitté la grise Constance Tweed, gardienne de tableaux. Il est parti pour Rome, où il tourne dans sa bouche les noms des rues comme si c’étaient des grenadines. Il pense à Constance jusqu’au jour où il rencontre cette femme «au sang gorgé des fruits mouillés d’aurore».

Marc ignore jusqu’à quelles extrémités il sera prêt à aller pour cette femme avec sa robe à la tomate. Car si Constance est née à l’amour dans ses bras, une autre peut-elle mourir de désir pour lui?

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Extrait

Puis au centre du bruit, le tram lui offre une femme si belle, si pleine d’olives et de tomates dans le rire, que la beauté porte un nom de femme inconnue, un matin de mars, malgré l’humidité pénétrante. [...] Le tram roule, fer à la patte, chien rattaché à sa niche. Il tangue un peu, Marc, séduit par l’évidence absolue de cette femme, lumière dans ce carré d’obscurité. Il ne doute pas que, s’il le lui demandait, elle danserait pour lui, avec lui, d’un bout à l’autre du wagon, pour renouveler le cliché des films américains, pour que s’ajustent à sa voix d’homme des paroles d’amour coulées à l’oreille d’une femme de soie jusqu’à l’Area Sacra di Largo Argentina. Elle pourrait s’appeler Constance ou Florence ou Rosa, à la fois vertu, ville et fleur.

Finaliste
Prix Alfred-DesRochers 2008