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Si vous êtes laïque, on vous a sûrement déjà traité de xénophobe, de raciste, d’islamophobe ou même d’arabophobe, sans oublier de paranoïaque. De plus, on vous a peut-être dit que vous étiez une personne fermée, intégriste, doctrinaire, injuste, antireligieuse… Heureusement, au-delà de ces insultes, il y a chez certains quelques arguments pour soutenir l’opposition à la laïcité, et souvent même une redéfinition du concept. Il faut regarder de plus près cet exceptionnel débat qui ne risque pas de s’éteindre même avec l’adoption ou le rejet d’une loi sur la laïcité de l’État.

Dans cet ouvrage, Bernard La Rivière examine les arguments qui s’échangent, revoit les Déclarations des droits et les diverses chartes qui sont fréquemment invoquées, et nous rafraîchit la mémoire sur ce qu’est la laïcité, un terme si souvent galvaudé. Après un bref rappel de l’histoire de la laïcité au Québec, il traite en particulier des cas du hidjab et de l’islamisme, qui semblent être les nœuds ou peut-être même les clés de cette joute dont l'enjeu est la laïcité de l’État et de la société québécoise.

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Extrait

Une psychoéducatrice, Elsy Fneiche, elle-même voilée, se souvient de cette interpellation entendue il y a vingt-cinq ans: «Intègre-toi ou retourne chez vous, tabarnak…» (La Presse, 17 septembre 2013). Puis elle énumère tout ce que le Québec devrait faire pour remplir son «devoir d’inclure» tout le monde. En gros: accepter le hidjab dans la fonction publique. Dans la même page du journal, cependant, un Afghan, qui vit au Québec depuis vingt-cinq ans lui aussi, énumère une dizaine d’avantages trouvés ici, dont l’assurance-maladie, la liberté de pensée et de s’exprimer, la sécurité sociale et civile, un système judiciaire digne de ce nom, la liberté de pratiques religieuses diverses, etc. Il estime qu’après avoir reçu tout cela, «c’est un juste retour des choses […] que de faire ma part pour m’y intégrer». Il pose la question cruciale: «Est-ce légitime de refuser de retirer un symbole religieux au travail en échange de tout ce que cette société fait pour nous?»