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Crève, maman! est à la fois un cri de haine contre une mère immonde et le constat qu’on peut malgré tout s’en tirer. Peut-être que le premier geste à poser dans ces conditions consiste à crier haut et fort: «Crève, maman, toi la pute qui as tout fait pour ruiner ma vie!» C’est en tout cas ce que fait la narratrice dans cette longue et haineuse invective. Elle le fait avec hargne, rage et beauté!

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Extrait

Maman s’est jetée du cinquième étage. Elle a ouvert grand ses ailes et s’est envolée. Elle a fait un plongeon parfait non pas vers le ciel mais vers le sol. Sixième tentative de suicide. Elle a ingurgité des pilules. Elle en a mangé. Elle en a croqué. Elle en a dévoré. Elle les a vomies.
[…]
Maman dort. D’un sommeil irréversible, du moins, je le souhaite. Les yeux fermés, je creuse chaque nuit le trou dans lequel je l’enfoncerai, consciente et fière de sa disparition. J’y lancerai la dernière pelletée de terre. En plus, j’emprunterai le gros camion des hommes du cimetière. Avec l’énorme pelle mécanique, je la recouvrirai pour qu’on ne la retrouve jamais. J’écrirai moi-même son épitaphe: «Ci-gît la femme que je n’ai jamais aimée.»
Que son coma soit mortel!