Un beau 1er mai, «jour de déménagement», le héros de ce récit voit s’établir, derrière chez lui, une famille d’Italiens. Leur plus grande fille, une belle brunette aux yeux bleus, s’installe sur la balançoire et c’est le coup de foudre! Mais Claude a du mal à s’approcher de sa belle; elle est surveillée de près par son père qui fera tout pour éloigner le séducteur. On menace même le jeune amoureux de faire intervenir la mafia! Claude a beau faire son malin en baragouinant quelques mots d’italien, au fond, il tremble. Mais qu’est-ce qui lui fait le plus peur? La mafia? ou Germaine – sa mère – qui refuse de le voir grandir et va jusqu’à prévenir la petite voisine que son roméo de fils n’est qu’un don-Juan-de-ruelle?
Extrait
Je veux revoir cette apparition. Je cours prendre ma bicyclette, je serai rue Drolet dans deux minutes. Je pédale à toute vitesse, contourne la rue Bélanger, au coin, derrière le cinéma Château, le buandier chinois sort de sa boutique avec un grand sac de toile. Je file vers Jean-Talon tout rempli d’espoir. Mon Dieu, merci! J’ai de la chance, elle est sur le trottoir devant chez elle. Ses longs cheveux soyeux tombent sur ses épaules, elle se penche sur une voiturette de poupon. Je ralentis, m’approche lentement, très lentement. Comment l’aborder? Comment bien paraître, surtout ne pas passer pour un voyou effronté? Quoi lui dire? Comment ne pas l’effaroucher? Je ralentis encore, stoppe ma bécane, pose un pied sur le bord de son trottoir.