Voici vingt-six nouvelles, chacune ayant pour titre un prénom féminin commençant par une des vingt-six lettres de l’alphabet. Vingt-six portraits de femmes, saisis à un moment crucial de leur vie, et qui illustrent un des rapports particuliers et variés qu’elles entretiennent avec la liberté. Il y a celles qui y aspirent, celles qui en jouissent, celles qui se battent pour l’obtenir et celles qui la troquent contre un besoin plus grand de sécurité.
Ces femmes sont de tous les âges. La plus jeune est une fillette, la plus vieille a 82 ans. Elles sont Québécoises, quelques-unes nées ailleurs, arrivées depuis plus ou moins longtemps. Il y a aussi une Polonaise et une Parisienne. Elles évoluent dans divers milieux sociaux, exercent des professions variées: couturière dans une manufacture, artiste peintre, femme au foyer, chef d’entreprise, prostituée de luxe, médaillée des Jeux olympiques, écrivaine, etc.
Jamais résignées, encore moins plaintives, elles se battent sans tenir les autres responsables de leur destin. Mais toutes réfléchissent sur leurs propres conditions d’existence et plus largement, pour quelques-unes, sur l’état du monde.
Chacune à sa manière est une femme engagée, une pure et dure.
Extrait
Voilà, c’est fait, je suis morte il y a quelques secondes, comme ça, d’un coup sec, sans préavis, sans maladie annonciatrice, sans accident, sans suicide, sans assassinat. Sans raison.
L’autopsie en diagnostiquera certainement une, ne serait-ce que l’ordinaire arrêt du cœur, mais je ne le saurai pas. On n’y peut rien, c’est ça la mort. Et on s’en fout, c’est aussi ça la mort.
On est là. Nulle part, mais on y occupe tout l’espace. Personne dans les alentours, aucune lumière, aucun bruit. Que notre pensée. Elle a la vie dure, celle-là. Elle résiste. Une nouvelle seconde. L’avant-dernière sans doute. Et voilà qu’elle expire à son tour. Je me concentre pour ne pas la manquer. Je me dissous à une vitesse vertigineuse. Je ris.
J’étais une joyeuse vivante.