L’Horloger est un recueil dans lequel chaque histoire fonctionne en solitaire, mais vient apporter un nouvel éclairage sur l’ensemble. Une dizaine de personnages, dont certains réapparaissent d’une nouvelle à l’autre, sont aux prises avec leurs démons et se mesurent au destin. Souvent désajusté, son tictac décalé des grandes horloges de la vie, chacun se trouve projeté dans une quête de lui-même et tente de trouver le sens de son existence.
Au final, c’est le Temps qui embrasse l’action et avale un peu chaque histoire. Le Temps court, s’arrête, bondit; il est éternel ou éphémère, mais toujours il réapparait, universel, bienfaisant ou destructeur, prouvant sa nature irrémédiable.
Avec une écriture dégageant une belle musicalité, Félix Villeneuve nous propose un univers tour à tour fantastique, philosophique et poétique. Ses personnages nous touchent par les épreuves qu’ils traversent, et leur évocation est comme parcourue d’un grand souffle.
Extrait
Nous émergeâmes de la forêt d’un seul coup, et c’est un spectacle magnifique qui s’offrit alors à nos yeux. Le ciel noir illuminé d’astres inconnus surplombait une plaine infinie et vallonnée dont l’herbe semblait se bercer au-dessus des étoiles. En effet, sous nos pieds, la terre prenait une consistance nouvelle, aussi sombre que le ciel, et se couvrait de constellations scintillantes, tant et si bien qu’au premier regard, il était ardu de savoir si nous foulions bien un sol. Mais, le temps aidant, tout ce paysage devint si net qu’on put facilement différencier terre et ciel, malgré leur ressemblance.