Fermer

Sans travail, sans amour, sans avenir, sans vie sociale, Benjamin a 30 ans et cherche désespérément une raison de s’accrocher. C’est alors que, dans la rue, il capte au vol la main levée d’Éliane sur son fils, le petit René-Xavier. Spontanément, il offre à Éliane de lui donner une heure de répit. Une offre que, contre toute attente, elle accepte.

Benjamin se découvre ainsi des talents de pédagogue pour extraterrestres en mal de planète. RX et lui se lancent dans la construction d’un vaisseau spatial qui leur permettra de rentrer chez eux. Ils recyclent, pour ce faire, toutes sortes de morceaux disparates grappillés au hasard de leurs excursions. Leur œuvre commence à attirer l’attention d’autres jeunes extraterrestres de fond de ruelle, qui se manifestent chacun à leur manière.

Benjamin en vient à mettre sur pied La Base, un «centre de recollage et de décollage pour jeunes extraterrestres». Ainsi, il trouve enfin sa place d’éléphant sidéral dans ce monde de porcelaine: il devient une sorte de famille d’accueil, responsable d’enfants et d’adolescents «défectueux» qu’il veut aider à grandir.

Afficher

Extrait

Je suis resté à côté, tout près, un peu en retrait. J’ai laissé le gros de la vague passer. Quand il n’a plus rien trouvé à sa portée et qu’il a voulu me frapper et se frapper lui-même contre le mur, je l’ai entouré fermement par-derrière avec mes bras.

— N’arrête pas, continue, lui ai-je mis dans l’oreille, je vais juste te tenir pour que tu ne te fasses pas mal.

Je n’ai pas desserré ma prise. Quelque chose a lâché en lui. Des profondeurs de son tout petit être sont alors montés des sons que je n’aurais jamais cru possibles. Grognements, rugissements, rots, hoquets, vagissements, plaintes, hululements, lamentations, hurlements, sanglots. Toutes ces manifestations des êtres vivants résonnaient dans ma poitrine, collée à celle de RX. J’étais saisi. Tant de rage, de détresse, de douleur, ne pouvait appartenir qu’à lui seul. C’était la longue chaîne de la clameur humaine depuis son commencement, qui nous traversait ainsi tous les deux. J’ai essayé d’en prendre une partie pour moi-même, de reconnaître, d’incorporer tout ce qui se terrait dans ma dent. Un moment, j’ai cru que nous n’en sortirions pas vivants. Que le désespoir, la désolation, allaient nous engloutir.