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On dit souvent, en manière de cliché, que toute médaille a deux faces. Naples n’est pas une médaille, mais une boule disco.

Attablés à l’enoteca Scagliola, les personnages de Rapines inventent un monde en s’inspirant d’un fait divers non résolu. Ils nous entraînent dans un étonnant vertige ayant pour théâtre la ville de Naples, où adviennent encore aujourd’hui des miracles.

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Extrait

À l’origine je souhaitais observer et représenter Naples. Rien d’autre. Il m’apparut assez tôt que cela était impossible : il fallait un personnage, il fallait une histoire. Écrire un essai, c’est bien cela que je ne sais pas faire. J’inventai ainsi le personnage de P., l’envoyai errer dans la ville et réfléchir à ce qui l’entourait, la mort dans l’âme. Mais je n’avais toujours pas d’histoire, et bon, une histoire, ça ne se trouve pas sous le pas d’un cheval. Je me convainquis alors que, plus importante encore que l’histoire, il y avait la mise en scène de l’histoire, son arrière-plan, et qu’à cette mise en scène je devrais me consacrer minimalement. Or cela semble une évidence que, pour mettre en scène une histoire, il faut une histoire. Je tournais en rond, j’étais pris dans une boucle réflexive. J’imaginai donc l’expédient du projet dramatique d’Eduardo, et bien que n’ayant pas la moindre idée de la teneur du projet dramatique d’Eduardo. Cela n’avait d’importance pour l’instant que peu. [Ce personnage d’Eduardo s’incarnera dans le prochain chapitre, et un peu plus tard, son projet.] Établir d’abord l’arrière-plan de mon histoire et/ou du projet dramatique d’Eduardo, voilà ce qu’il fallait faire. Pour l’histoire, je verrais venir.

Car la réalité de Naples est toute relative, appartient bien plus à celui qui examine qu’aux choses elles-mêmes. Même y vivant, P. avait l’impression de ne pouvoir observer Naples que de l’extérieur, comme si la ville fût insaisissable, un objet dont on ne pût qu’effleurer la surface. 

On en parle

S’amorce ainsi une visite guidée des coulisses de l’inspiration et de l’imagination. Comment naît un récit criminel ? Quelle part est faite au vrai, au faux, au vrai du faux ? Les avancées, les marches arrière, les errances. Le résultat est passionnant, et riche tout en étant amusant.
— Sonia Sarfati, Le Devoir, mars 2025

Avec Rapines, [Patrice Lessard] crée un livre inclassable, un magnifique ovni qui oscille entre roman, essai philosophique et littéraire. […] La langue y est soutenue, jouissive, et l’auteur ne se gêne pas de faire des parenthèses et des disgressions qui toujours vont amplifier son récit. […] Par l’entremise de l’ailleurs napolitain, Patrice Lessard nous offre une lecture vibrante et foisonnante que je conseille à tous les amoureux de la langue, du dépaysement et de la philosophie.                                                   - Katia Courteau, Etcétéra, avril 2025