Depuis quelques années, l’autrice constate avec regret que les principes de l’agriculture intensive sont souvent ceux qu’on applique à l’enfance. Dès le berceau, l’enfant est précipité dans une course performative et plongé dans une monoculture normative visant à le rendre rapidement efficace et adapté à ce monde néolibéral et capitaliste qui détruit les individualités comme il assèche les ressources naturelles. Privé de sa substance et épuisé de devoir répondre à un modèle, l’enfant devient une sorte de pantin désarticulé. L’autrice propose de privilégier une approche permaculturelle pour soutenir la biodiversité essentielle de l’enfance. Comment aider cette jeune pousse à grandir tout en préservant ses racines qui lui permettront de devenir un arbre solide, interdépendant, dans un monde-forêt pluriel ?
Il faut sortir de la fabrique néolibérale et entrer dans une forêt de multiples, un jardin communautaire riche de singularités et surtout de possibles. Pour nos enfants, et pour la suite du monde.
Avec cet essai de réparation, j’espère aider chaque adulte à devenir un jardinier permaculteur, un tuteur, autour duquel et contre lequel chaque enfant pourra s’appuyer, grandir, s’épanouir et faire pousser en lui son propre jardin des merveilles, sans que personne n’y impose de clôture fermée à clé.
On en parle
Je suis pédopsychiatre depuis 20 ans et que je constate qu’on élève les enfants dans une forme d’agriculture intensive où on veut les normer, les calibrer, il faut qu’ils soient tous pareils, une même rose, un même lys, alors qu’il y a de petits pissenlits qui ont envie d’être. Ce qui m’enrage est qu’on les amène dans mon bureau, ces tous petits pots étriqués et que l’on dit me dit de les redresser parce qu’ils sont une herbe rebelle. Ça m’a donc paru une évidence, une permaculture de l’enfance.
— Céline Lamy en entrevue avec Émilie Perreault, Il restera toujours la culture, mai 2025