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Ça devait être une vertigineuse montée. Celle de l’Everest. C’est plutôt une effroyable descente dans l’enfer de la dysenterie, car le narrateur – au moment où il amorce sa montée – est terrassé par un microbe inconnu.

Des hauteurs célestes, il chute dans la merde au sens le plus vrai du terme. Le mal est tel qu’il est victime à plusieurs reprises de crises convulsives. Et c’est là que les choses changent: les pertes de conscience sont associées à des visions érotiques comme jamais le narrateur n’en a eu.

Il faut dire qu’il est soigné par des infirmières d’une beauté à couper le souffle et que cela influence sans doute son imaginaire déglingué.

Le voyage auquel nous convie Jean Désy est l’envers du sublime. On patauge plutôt dans le grotesque, dans le burlesque, mais il y a, malgré que le protagoniste frôle la mort à chaque page, une bonne humeur et une drôlerie qui nous dérident constamment. Absam, le moine-bouffon, y est pour beaucoup, dans cette propension à l’hilarité.

C’est aussi l’occasion pour le narrateur de s’interroger sur les grands thèmes de l’existence: la maladie, la mort, l’amour, le bonheur, la compassion, la pauvreté et la richesse, mais aussi la paternité, car le narrateur se sent coupable envers ses fils. Pourtant, ils quitteront tout pour venir le secourir.

Nepalium tremens, un roman intense et immense…

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Extrait

Ça tourne! Ça tourne! Commence la musique du ciel. J’entends un aria, quelques mesures d’une cantate suivie d’un duo de sopranos. Deux libellules gracieuses piquent du nez vers moi. Ah, les coquines! La plus galopine me donne un gros baiser sonore sur le front, tandis que l’autre m’enfonce un doigt dans la bouche, jusqu’au fond de la gorge! Un sang rouge brun gicle de moi. Hé! Curieuse manière de montrer son amour! Celle qui m’avait embrassé s’amuse avec mon bras cassé. Bien vite, ce n’est plus un jeu. La douleur me tord les méninges. J’ai un bras au complet dans la gorge. C’est qu’elles me font mal, les malicieuses!