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Elle est chinoise, fille de calligraphe, rescapée des camps de rééducation des Gardes rouges de Mao; elle se passionnera pour la langue française. Lui, fils de mineur du nord de la France, a hérité des deuils du charbon et de l’acier; devenu un graphiste hyperdoué et frondeur dans une agence de publicité, il abandonnera ce mirage pour se lancer dans les tags urbains.

Enragé, il graphe et signe la nuit, sur les portes, les fenêtres, les hôtels particuliers, les murs, la ville. Il couvre tout! Elle le voit de sa fenêtre, elle l’héberge, et ils sont tous deux propulsés dans une fulgurante histoire d’amour. Mais peut-on échapper aux blessures de son enfance?

En quête de survie, ils traverseront ensemble les écritures d’Orient et d’Occident, la violence de nos sociétés modernes, les arts de la rue et ses clans. Chacun devra faire la paix avec sa mémoire et son savoir.

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Extrait

On ouvre fenêtres et lucarnes. On éteint toutes les lumières. Pénombre étonnée. Jacky dit gravement: «La pauvre proprio! Si elle ne pisse pas dans sa culotte, elle fait au moins une syncope…»

Plus tard, on fait une «vraie» pause. Je reçois des «merci!» En silence, je fais disparaître dans un large sac orange tout ce qu’il y a de canettes vides et de couvercles de plastique. Passage à tour de rôle dans la minuscule salle de bains. On se lave les mains, les bras. On passe de la térébenthine sur les habits mouchetés de couleurs. Une fatigue courageuse nous unit. Le clan des Occitans se maintient en périphérie. Un gars ouvre grand la fenêtre pour fumer. On lui fait cracher sa cigarette. Il y a dans les flacons et les bouteilles assez d’essence et de décapant pour faire sauter l’appartement.

Finaliste
Prix des 5 continents de la Francophonie 2015
Sélection et Pré-sélection
Festival du premier roman de Chambéry / Les Rendez-vous du premier roman 2015