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Ce roman est un poème à la peau, à toutes les peaux, celle des Kabyles – car la grand-mère est berbère –, autant que la peau des jumeaux. Aimer, c’est caresser, c’est manger des lèvres, c’est s’habiller de la peau de l’être aimé et c’est souffrir de sa présence trop intense tout autant que de son insupportable absence.

Aimer, c’est lire La peau des doigts, un roman écrit par une jeune auteure de vingt et un ans née en Algérie et qui nous fait voyager dans les mots, dans les villes, dans les rêves…

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Extrait

Je l’ai embrassé, ce peintre. Comme je t’ai embrassée, Doña, ce jour-là, sur l’esplanade de la Place-des-Arts. D’abord, les lèvres. Pour les éroder de douceur. Sa lèvre entre mes lèvres, entre mes dents, caresses joueuses. Sa langue entre mes lèvres. Succion. Douceur. Bouche humide d’une salive qui n’est pas la mienne. Et le goût salé de sa peau. Jusque-là, je n’avais jamais su quoi en faire, de mes lèvres enflées, moelleux coussins inutiles. Sauf y appuyer quelquefois un index dubitatif. Sauf les mordre et regarder les hommes se troubler. Par jeu. Toujours été une enfant. Les enfants ont les jeux qu’ils peuvent. Pendant le baiser, la grand-mère s’est tue. Et puis, à Saint-Michel, on en est sortis, du rose jusqu’à plus soif, et puis elle, imbue de silence. Elle a recommencé à chanter, la grand-mère. Le peintre a dit: sa chanson parle d’amour, d’une jeune amante à une époque où les amantes étaient, par définition, déshonorées.