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Felicia Mihali s’est librement inspirée de deux légendes, celle de l’enlèvement des Sabines et celle des Danaïdes. Dans son roman, les Comans enlèvent des Slavines, les filles du village voisin, lors d’un souper festif où ils les ont conviées avec leurs familles. Le lendemain, ils les épousent. Comment réagiront-elles? Suivront-elles l’exemple des Sabines, qui ont incité leurs pères et leurs maris à se réconcilier, ou celui des Danaïdes, qui ont tué leurs maris le soir de leurs noces?

L’enlèvement de Sabina est un roman baroque qui tient tout à la fois du conte populaire, du roman d’aventures, de l’épopée et du thriller. Tout en s’inspirant de la mythologie et des légendes, il est fortement ancré dans la vie quotidienne des villageois. Anachronique, il emprunte aussi bien à l’Antiquité qu’au Moyen Âge, hanté par les Croisades, tout en faisant des clins d’œil à l’époque contemporaine. Ludique, il traite néanmoins d’un sujet fort sérieux: les relations homme-femme.

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Extrait

La fête s’était poursuivie jusqu’après minuit, jusqu’au moment où elle avait pris fin brusquement. Les Comans avaient vite remplacé les brocs par les couteaux. […] Les jeunes Slavines avaient à peine eu le temps de comprendre ce qui leur arrivait. Au début, elles avaient cru à une plaisanterie et avaient commencé à rire lorsqu’elles s’étaient vues hissées, comme des sacs, sur l’épaule des hommes. C’est le cri aigu de l’une d’entre elles qui avait donné le signal des lamentations. Les femmes avaient alors compris, d’un coup, qu’elles étaient victimes d’un enlèvement perpétré à la faveur d’un repas censé être amical.

On en parle

Ce conte, quelque peu fantastique, dessine le ciel, qui chapeaute nos sociétés modernes à l'instar des novellas de Pan Bouyoucas, dont les assises reposent sur l'île grecque de Leros. L'œuvre s'adresse aux curieux passionnés de culture. Une culture incarnée dans des personnages bien profilés. Mais ils sont tellement nombreux qu'il est difficile de les suivre à la trace. Mais, tout de même, on apprend avec plaisir la manière de tricoter des relations tragiques, il faut le dire, qui profitent aux femmes aux dépens des hommes.
– Paul-André Proulx, Voir.ca