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Tout autant que les lois de l’hérédité, mais de façon moins programmatique, la mémoire (individuelle, sociale, historique) et les sensations circonscrivent le territoire de la pensée d’Émile Zola. Des œuvres de jeunesse aux Évangiles, ces notions ont effectivement partie liée sous la plume de l’écrivain, elles installent un régime cognitif convoquant et diffusant des savoirs au cœur de l’agencement et de l’organisation des événements racontés.

Les articles rassemblés dans ces Actes démontrent que les romans zoliens négocient constamment avec cette matrice imaginaire et textuelle que sont la mémoire et les sensations. En effet, qu’il s’agisse du système médico-philosophique du cycle des Rougon-Macquart, qu’il s’agisse de la poétique de cette œuvre qui fait la part large aux sensations, qu’il s’agisse de l’esthétique naturaliste à l’intérieur de laquelle les expériences mnémoniques et sensibles fracturent le réel — effraction qui révèle un discours sur la cohérence de la représentation artistique, sur le beau en art autant que dans la nature —, la mémoire et les sensations participent au processus de textualisation tout autant qu’au développement de l’intrigue romanesque. Et si la plupart des articles ici favorisent l’étude de celle-ci ou de celles-là, ce n’est jamais au détriment de l’une par rapport aux autres, car dans le roman zolien s’établit une égalité nécessaire entre les deux notions.

Les auteurs de ce volume interrogent chacun à leur manière les informations qu’elles apportent à l’élaboration de la narration, ils analysent la valeur de leur contribution à la progression du récit, et montrent que la mémoire et les sensations servent à la fois de relance de l’imaginaire et d’espace de vérification ou de confirmation. Elles sont des outils d’invention textuelle et de restauration du monde car, dans le roman zolien, le monde est mémoire et sensations.

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