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Par Yann Martel

Texte original en anglais traduit par Nicole Martel et Émile Martel

À la suite d’une pénible rencontre à Londres où son nouveau livre, s’inspirant de l’abomination nazie, est rejeté par ses éditeurs, Henry rentre chez lui et cesse d’écrire.

Une page semble tournée. Henry continue de répondre à ses lecteurs qui se passionnent pour son dernier roman paru. Or voici qu’il reçoit un courrier où l’un d’eux lui demande son aide. C’est un taxidermiste, mais aussi un apprenti-écrivain dont l’histoire de Béatrice et Virgile, une ânesse et un singe, est saisissante. Cette fable qui semble évoquer l’Holocauste captive Henry: tout se passe comme si ce qu’il avait cru perdu à Londres renaissait sous ses yeux.

Avec un savoir-faire admirable, Yann Martel fait la démonstration qu’un échec peut se transformer en victoire pour peu qu’on croie encore à l’infini pouvoir de l’imaginaire. Il nous montre aussi que les chemins qui mènent à cette reconquête sont parfois inattendus.

Après L’Histoire de Pi, probablement le plus grand succès international d’un écrivain canadien, voici Béatrice et Virgile, un roman qui ne ressemble en rien au précédent, mais qui est aussi porté par un écrivain à l’immense talent.

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Extrait

À droite du comptoir, remplissant tout le magasin, se trouvait la plus grande, la plus étonnante des panoplies de marchandises de la taxidermie. Trois niveaux d’étagères profondes et ouvertes couraient tout le long des murs de la pièce — tout en longueur et au plafond élevé. Il y avait d’autres étagères qui traversaient le milieu de la pièce. Sur chaque tablette sans exception, sans espace les séparant, étaient entassés des animaux de toutes les dimensions et espèces, à fourrure et à plumes, couverts de taches ou d’écailles, prédateurs et proies. Tous étaient figés dans leur geste, comme si l’apparition de Henry les avait surpris, et comme si à n’importe quel instant ils allaient réagir — à la vitesse de l’éclair, comme peuvent le faire les animaux — et alors dans cet endroit éclateraient, en un chahut monstre, des rugissements, des cris, des aboiements et des gémissements, comme lorsque l’arche de Noé s’est vidée.

On en parle

Autre pointure, l'auteur du conte sur l'eau si chère à Guy Laliberté, Yann Martel, lance ces jours-ci la très attendue version française de son roman sur la Shoa, Béatrice et Virgile.
– Claude André, 24 heures, 3 septembre 2010

On savait Yann Martel capable de faire parler les animaux. Voilà qu'il les fait parler du sujet le plus sensible qui soit: l'Holocauste.
– Tristan Malavoy-Racine, Voir Montréal, 8 septembre 2010

Il y a des images fortes. Et un désir sincère d'approcher autrement une des pires tragédies de l'humanité.
[...] l'écrivain de 47 ans a réussi, sans l'ombre d'un doute, ceci: écrire un roman sur la difficulté de représenter, par la fiction, l'Holocauste.

– Danielle Laurin, Le Devoir, 4 septembre 2010

Encore une fois, Martel se révèle un écrivain redoutable. [...] l'auteur emporte d'un souffle le lecteur dans l'univers qu'il construit patiemment.
Vous dévorerez ces 200 pages jusqu'à la fin.

– Lisanne Rheault-Leblanc, 7 jours, 16 septembre 2010

Yann Martel nous livre une fable étourdissante, un roman philosophique à plusieurs détentes, qui ébauche un audacieux parallèle entre l'Holocauste et la cruauté envers les animaux.
– Philippe Chevilley, Les Échos, 2 novembre 2010

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